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Plus de 120 établissements scolaires et de nombreuses rues ou avenues portent son nom. Jean Zay, assassiné par la Milice française en 1944 est resté pourtant longtemps méconnu. « Un angle mort de la mémoire nationale », selon la formule de Gérard Boulanger qui lui a consacré un ouvrage en 2013 : « L'affaire Jean Zay : la République assassinée ».
Personnalité des années 30, Ministre en charge de l'Éducation nationale et des Beaux arts durant toute la période du Front Populaire et dont l'action fut aussi décisive que celle d'un Jules Ferry, son nom ne figure que rarement en première place dans les manuels d'histoire. Un oubli mémoriel réparé depuis peu avec son entrée au Panthéon en compagnie de trois autres figures de la Résistance : Germaine Tillon, Geneviève de Gaulle-Anthonioz et Pierre Brossolette.
« L'inconnu du Panthéon » est toutefois le sujet d'une méconnaissance toute relative. Réhabilité dès 1945, des hommages nationaux lui sont rendus aussitôt comme cette cérémonie organisée à la Sorbonne en 1947, en présence du Président de la République Vincent Auriol et de Léon Blum. Mais très vite, les changements rapides de l'environnement national et international issus du second conflit mondial contribuent à effacer la mémoire de Jean Zay. Seule une poignée d'irréductibles admirateurs ou simples « Amis de Jean Zay », du nom de l'organisation qui se créé à Orléans en 1948, ne vont cesser de ranimer son souvenir. Éclipsé durant plus de quarante ans, le nom de Jean Zay réapparaît dans les années 90. En 1994, François Mitterrand inaugure une avenue à son nom à Orléans. A partir des années 2000, plusieurs ouvrages lui sont consacrés. Des historiens, des essayistes et des associations militent alors ouvertement pour son entrée au Panthéon.
Armé très jeune pour défendre les valeurs de la République
Né à Orléans en 1904, d'une mère institutrice protestante et d'un père journaliste d'origine juive alsacienne, Jean Zay est très tôt influencé par les idées républicaines que lui transmet son père. Celui-ci, Léon Zay, s'illustre dans la fondation d'un journal « Le progrès du Loiret » qui s'engage, à l'origine, pour la défense d'Alfred Dreyfus afin de répondre à une presse locale plutôt anti-dreyfusarde. Tout en collaborant au « Progrès du Loiret », Jean Zay qui est entré en franc-maçonnerie sur les traces de son père, devient avocat au barreau d'Orléans puis Député du Loiret pour le Parti radical socialiste en 1932, à seulement 27 ans.
En 1936, l'arrivée du Front populaire le propulse Ministre de l'Éducation Nationale et des Beaux Arts. A 32 ans, il est le plus jeune Ministre de toute la troisième république.